Deux positions s'opposent derrière ce patronyme réducteur "d'étranger": les utiliser ou pas ?
En la matière les théories vont bon train, entre les fervants défenseurs d'une préservation de la pureté de la race française et les fatalistes résignés qui prônent l'ouverture sinon point de salut. Cependant, l'histoire nous montre que toutes les positions extrêmes finissent par s'avérer erronées et le juste milieu reste le plus souvent la voie de la sagesse.
Les arguments les plus récents tentent à prouver que la notion de race n'existerait pas. Celle-ci ne serait qu'un savant mélange de tout et de rien ! Or c'est d'abord la résultante de pratiques sur le long terme. Le problème est que le mot race véhicule des concepts à connotation lourde comme la pureté, la fixité et la transmission constante des caractères.Quels que soient les secteurs, la plus dure tradition repose d'abord sur un mélange d'influences culturelles dont le metissage fait emmerger un jour une identité. La cuisine en est un bon exemple.
Dans tous les cas, le mélange peut permettre d'enrichir. Mais prenons l'exemple de la cuisine mexicaine actuelle. Elle est bien la résultante d'un mélange d'influences indigènes précolombiennes et hispaniques rapportées lors de la conquête du pays. Ces influences hispaniques incluaient à leur tour des aliments et techniques venus de l'Europe entière, ou même d'extrème-orient (épices) et d'Afrique du Nord. Il n'existe donc pas aujourd'hui de cuisine de tradition purement indigène au Mexique, mais une véritable culture culinaire mexicaine.
Pour autant, si dans le cas présent le métissage enrichit, que dire du développement tentaculaire de fast foods emblématiques dans ces pays. Ils agissent comme de véritables rouleaux compresseurs des cultures culinaires locales. On appelle cela la mondialisation des goûts, mais il s'agit plutôt de l'anéantissement des goûts.
Alors, oui au metissage pour un enrichissement, dans un but précis d'évolution et surtout pas de façon passive ! Réagir contre l'invasion anarchique des étalons de tout stud book confondu, c'est aussi quelque part vouloir défendre une identité perdue. La défense contre ce marasme consiste souvent à puiser sa force dans nos traditions culturelles. Or, les stud books les mieux préservés aujourdhui sont bien ceux qui possèdent une réélle histoire et authenticité.
Le Holstein a construit sa race de chevaux de sport dans un premier temps sur l'utilisation d'étalons de sang arabe venus de Pologne et de Hongrie (Ramzès). Puis, il a eu recours au sang français, mais de façon choisie et sélective (Cor de la Bruyère). Aujourd'hui, les éleveurs du Holstein regardent à nouveau vers le sang français parce que nous avons encore une identité, c.a.d un type de chevaux qui se définissent facilement : des chevaux faciles, qui aiment sauter, avec du respect et un bon passage de dos, mais qui manquent de modèle. Malgré tout, un holsteiner reste aujourd'hui parfaitement identifiable.
Fontionner demain en race pure détruirait sans doute notre race de chevaux de Sport. Parce que ceci lui interdirait toutes capacités d'évolutions et de progrès nécessaires pour rester coller à la demande; demande pas seulement "commerciale" frabriquée le plus souvent grâce au marketing, mais celle qu'exige la parfaite adéquation à son époque.
Nos chevaux français manquent de look et de légèreté. L'équitation est devenue un sport pratiqué majoritairement par les femmes et notre époque est celle de la légèreté opposée à la lourdeur des formes et des mouvements. Il faudra rechercher des étalons présentant ce profil dans d'autres races, mais tout en préservant nos acquis. Il est étonnant de constater que les deux races les plus typés et les plus marquantes de chevaux de sport (selle français et hosteiner) ont été conçues sur de très petit territoire à forte densité de population d'éleveurs. L'échange et la similitude des pratiques, la concurrence, l'émulation que génère le groupe et le souhait de reconnaissance sociale ont été les racines profondes des conduites de ces deux races.
Le cheval de sport est donc un metisse, mais le bon cheval est un metisse enrichi par les apports de ses parents et qui se distingue par un patrimoine de gènes qui évoquent un savoir-faire, une intension purement mûrie d'évoluer vers ce qu'il doit être, en gardant ses racines. Dans le domaine culinaire, on appelle cela la "Slow Food"! Une lente évolution des pratiques culinaires d'une même culture qui permet de préserver ses racines et sa diversité, tout en étant aujourd'hui différente de celle d'hier. A quand un Slow-Horse pour le maintien de la diversité des races ...!!!
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