Almé, l'étalon légendaire, digne descendant de son père Ibrahim nous a laissé deux fils exceptionnels : Jalisco B et Galoubet A.
Les comparer reste une tache difficile. Il serait prétentieux et inutile de classer l'un par rapport à l'autre. Ils sont malgré tout très différents, que ce soient sur le plan de leur génétique, ou de leur carrière de performer puis d'étalon et bien entendu de leur production.
Jalisco B est issu d'une famille prestigieuse. Sa mère Tanagra fille du très célebre Furioso (PS) a produit un nombre impressionnant de champions (Danoso). Cette jument bai d'un grand cadre possèdait un dos un peu long et une sortie d'encolure légèrement horizontale avec une tête manquant de chic (beaucoup de blanc) mais présentait des rayons fabuleux. Jalisco B galopait avec une très forte amplitude, mais un engagement délicat et ne fut pas spécialement précosse sur les barres. La force de conviction de Fernand Lerrede et ses origines prestigieuses lui valurent pourtant un carnet de bal très trié d'excellentes juments.
En épreuves, il fut parfois veule malgré ses moyens et ses performances resteront modestes en comparaison du potentiel présenti, avec à son actif surtout le GP CSIO de Longchamps. On peut donc lui reprocher un certain manque de sang et de respect, avec un passage de dos qui mit du temps à s'exprimer vraiment et un engagement des postérieurs toujours délicat. A son crédit, il montrera une immense amplitude de galop et des moyens énormes, avec un beau modèle.
La production de Jalisco B, grace à des croisements souvent judicieux dont une bonne partie furent pilotés par le responsable du Haras des Rouges, fut exceptionnelle : le choix de juments dans le sang plutôt réduites et réactives donnera Quidam de Revel, Papillon Rouge, Quito de Baussy, Olisco, Rochet Rouge, Allegretto. Ses filles semblent souvent présenter plus de sang et font maintenant d'excellentes mères (Cigalle du Tallis ou Une Etoile d'elle). Les fils de Jalisco B ont à leur tour marqué l'élevage, mais les secrets de la génétique font que parfois même s'ils transmettent le plus souvent force et amplitude, le manque de sang et de respect de leur père peut également être transmis ...
Galoubet A est issu d'un tout autre croisement. Sa mère Viti (Nystag TF) est une Trotteur francais qui fit d'abord ses preuves sur les barres. Grande et gentille jument alezanne d'1,70 m, elle montrait du style et un excellent galop en équilibre, sautant très bien, ronde sur la barre. Elle ne produit aucun autre poulain significatif que Galoubet. On est donc loin de la noblesse du papier maternel de Jalisco B. Le modèle de Galoubet était fortement dominé par son arrière-main et sa tête malgré tout expressive lui fut souvent reprochée.
A l'inverse, la carrière de performer de Galoubet A est nettement meilleure que celle de Jalisco. Très tôt, il gagne avec Gilles Bertrand de Balanda de très nombreux GP CSI puis CSIO et sera le meilleur cheval français de l'année en 1981. Son manque de souche et son modèle peu académique allaient cependant lui jouaient des tours ! Sa carrière de reproducteur sera donc paradoxalement plus restreinte que celle de Jalisco et il restera un peu boudé des éleveurs dont les normands, malgré l'extrème qualité de sa première génération et le soutien de son propriètaire M Pellegrin et des Haras nationaux. Il faut noter cependant que la technique de reproduction et le prix de ses saillies (5000 F) pour l'époque furent assez dissuasifs. Seul M Fardin fit exception dans la Manche et en fut largement récompensé ! : Qatoubet, Caloubet, En avant et Baloubet du Rouet qui pour ce dernier semble connaitre le même destin que son père sans qu'aucune explication ne puisse justifier ce gachis pour l'élevage normand ...
Galoubet A fut à ses débuts un grand cheval un peu pataud, mais très fin, très chaud aux juments (il faut rappeler qu'il fut un des premiers à mener conjointement une carrière de reproducteur et de performer de haut niveau) et un peu trop attentif à son environnement même en parcours (l'Eperon 1999). Sa grande gentillesse et son génie compensait le plus souvent sa distraction et ses inquiétudes, ce qui permettait à son cavalier de conserver un certain contrôle de l'énorme machine présente sous sa selle. Sa bouche très sensible en comparaison de sa force, rendait la gestion de sa ligne dorsale et son engagement délicats. Ses jarrets le poussaient alors plus naturellement qu'ils ne le portaient. Mais sa souplesse, sa générosité et son extrème respect des barres permirent à son cavalier de rapidement parvenir à ses fins. Son geste des antérieurs était loin d'être parfait, mais son style était compensé par son génie, ses moyens et son phenoménal coup de dos qui accompagnait parfois ses ruades devenues légendaires. Un excès d'energie pourtant bien appréciable et qu'on retrouve aujourd'hui dans sa descendance contrairement à celle de Jalisco B.
Du sang, du respect, un énorme coup de rein et de la force pour Galoubet A. De l'amplitude, des moyens, du modèle et de la souche pour Jalisco B.
Un style qui n'est pas irréprochable, une bouche délicate (sensible) et un modèle peu académique pour Galoubet A. Un manque de sang et de respect pour Jalisco B.
Les croisements judicieux des éleveurs normands auront permi de compenser une partie des défauts de la descendance de Jalisco B. Celui-ci a maintenant marqué de son empreinte incontournable l'histoire de la race SF, redonnant ainsi moyens et galopade à nos chevaux. Mais Galoubet A restera injustement boudé, comme l'est à nouveau aujourd'hui son fils Baloubet du Rouet. Alors que l'energie (niaque), la force (coup de dos et trajectoire) et le mental (respect et volonté) que transmet cette lignée semblent aujourd'hui indispensables aux parcours actuels de haut niveau, les éleveurs français pour qui le modêle semble être la modeste explication (Quick Star faisant exception !?) se privent aujourd'hui d'une génétique que les stud books du monde entier nous envient. Manquerions nous de dicernement ..?