J'ai consulté le taux de PS detenu par mes juments aujourd'hui. Il suffit d'aller sur SIRE pour l'obtenir de façon précise. Il varie entre 44% pour le plus faible et 56% pour l'une d'entre elles. La plupart des juments de souches normandes ont encore aujourd'hui un taux proche de 50%. Ceci peut paraitre étonnant, mais il résulte de nos pratiques anciennes et culturelles qui consistaient à croiser de façon régulière nos juments de souche locale avec les étalons PS de croisement du Haras de Saint Lô. Il en résulte que deux SF croisés ensemble aujourd'hui donnent encore naissance à un produit dans le patrimoine génétique est occupé pour moitié par du PS.
Mais quelle est la tendance actuelle ?
Si j'observe l'évolution au travers de mes propres produits, il va de soi que cette proportion diminue, même faiblement, de génération en génération. Pourquoi ?
L'introduction de sang étranger en est une des explications. Bien que pour ma part, j'y ai très peu recours mais il est de plus en plus présent dans le sang des étalons SF. La plupart des Holsteiners ou KWPN ont un taux qui avoisinent les 25% à 35% de PS, inférieurs à la moyenne des SF en générale donc ... Il faut admettre également que les filles directes de PS sont de plus en plus rares dans nos poulinières. Elles ne contribuent donc plus à inverser la tendance. Mais la diminution du taux de PS est elle synonyme d'une perte d'influx ?
Je ne crois pas. Observer attentivement le taux de PS de vos juments et vous constaterez que celles qui ont les plus forts taux ne sont pas obligatoirement celles qui transmettent le plus d'influx à leur production. Certains sujets transmettent plus d'influx nerveux que d'autres et ceci est valable également pour les PS. Je me suis déjà exprimé sur le bénéfice attendu de la présence du sang de Rantzau. J'ai pu constater par exemple le manque d'influx des filles de Benroy (PS). D'autre part, j'utilise très volontiers Baloubet du Rouet qui affiche un taux de PS de seulement 35% avec cependant un influx hors normes. Mais ceci s'explique assez bien : Galoubet A n'avait qu'un taux de 18%. Il n'a de PS dans son papier que par son père Almé (Ultimate (PS)). PS pratiquement absent chez sa mère qui était de race TF. Une race dont le courage et l'endurance sont aujourd'hui recherchés. S'y ajoute pour Baloubet du Rouet, le sang de Rantzau (encore !) présent deux fois chez sa mère, ainsi que d'autres bons PS (L'Avenir). En résumé, une diminution probable du taux de PS en utilisant Baloubet, mais un apport d'influx quasi assuré ! Que faut il en conclure ?
Préconiser l'utilisation du PS en croisement direct ne repose sur aucune garantie d'apport d'influx. A cette incertitude s'ajoute un risque important de dégradation d' autres caractères : équilibre, geste d'épaule, force de jarrets, stabilité mentale, ... Le recul nous permet cependant d'identifier aujourd'hui des lignées de PS plus que bénéfiques pour le sport. Elles n'ont pas toujours de points communs avec celles des hippodromes. Seul le testage peut nous permettre de garantir les qualités d'un nouveau PS même sélectionné rigoureusement sur le plan morphologique. Laudanum (PS) était un bon étalon de croisement, mais tous les PS ne le sont pas, même lorsqu'ils ont été vus sur les barres. On peut aujourd'hui recenser les bonnes lignées de PS qui ont fait progresser notre élevage et quantifier leur présence dans le sang de nos étalons de sport.
Enfin je vous livre une petite réflexion pour terminer : il est parfois amusant d'entendre les propos tenus par les même personnes qui se lamentent de la disparition du PS dans les croisements (PS qu'ils n'utilisent pas eux même ...) et qui lors des rappels de concours d'élevage s'offusquent de la perte d'os et de cadre des sujets ... Sang et légèreté sont deux choses différentes, mais c'est encore un autre débat.